Thomas Rohregger – Conseiller Technique des Championnats du Monde Route UCI

sept. 18, 2018, 15:30

Le Conseiller Technique de l’UCI Thomas Rohregger éprouvera sans doute un petit pincement au cœur lorsque les Championnats du Monde Route UCI feront escale à Innsbruck (dans le Tyrol, en Autriche). En effet, plusieurs courses passeront par sa ville, Kramsach.

« J’ai arrêté de courir avec RadioShack il y a cinq ans. Ensuite, j’ai repris mes études à Innsbruck. J’ai suivi une formation en droit et en économie. Je suis né à 40 kilomètres d’Innsbruck, dans un petit village appelé Kramsach. Plusieurs courses en ligne vont passer par là. Comme je me suis longtemps entraîné sur les routes qui seront utilisées pendant les Championnats du Monde, j’en connais chaque mètre par cœur. 

« Je travaille en tant que Conseiller Technique sur les Championnats du Monde, pour le Comité d’Organisation et pour l’UCI. Je suis une sorte d’intermédiaire. J’ai choisi les parcours et je les ai moi-même conçus. J'ai aussi travaillé pour Tokyo 2020 avec Steve Peterson, qui est Conseiller Technique pour l’Océanie et les Jeux Olympiques de Tokyo. Mon travail consiste principalement à aider le CO à livrer le meilleur produit possible, à répondre aux exigences de l’UCI et à proposer les meilleures courses. Je travaille sur le projet Innsbruck avec mon collègue Robbie Hunter. »

Rohregger admet que l’Autriche n’est pas connue comme une nation de cyclisme, mais, selon lui, les choses sont en train de changer.

« Nous sommes surtout connus pour le ski alpin et le saut à ski, c’est-à-dire des sports d’hiver. Pourtant, nous avons beaucoup progressé en cyclisme. Les institutions en charge du tourisme ont beaucoup investi dans des pistes cyclables, des descentes et d’autres équipements. Parallèlement, il y a de plus en plus d’Autrichiens parmi le peloton professionnel de l’UCI WorldTour et dans les catégories inférieures. »

Pour ces Championnats du Monde, notre interlocuteur promet aux coureurs une expérience différente de celles de ces dernières années.

« La région du Tyrol est connue pour ses montagnes. Nous avons donc voulu faire une course difficile, pour les grimpeurs et les spécialistes des Classiques, comme les Classiques ardennaises. Toutefois, il n’était pas évident de monter une course à proximité d’Innsbruck car les routes ne sont pas si nombreuses. Si j’en crois les premiers retours des coureurs, tout le monde est heureux d’avoir des Championnats du Monde plus relevés car, ces dernières années, les courses faisaient la part belle aux sprinters. »

La compétition débutera le 23 septembre avec le contre-la-montre par équipes, suivi des contre-la-montre individuels et des courses en ligne. Rohregger revient pour nous sur les différentes épreuves :

« Le contre-la-montre par équipes Femmes est assez long (plus de 50 kilomètres) mais en pente légèrement descendante. Le parcours n’est pas technique du tout, mais il est très rapide. Les Hommes devront en revanche effectuer une ascension sur quatre kilomètres dans le dernier quart du parcours. Pour les équipes, ce n’est pas évident à gérer : il faut trouver le bon équilibre entre les rouleurs qui pourront mettre du rythme avant l’ascension et des grimpeurs aux jambes solides pour emmener tout le monde à l’arrivée. Je suis curieux de voir quelles compositions les équipes vont adopter. 

« Les contre-la-montre individuels Juniors, U23 et Femmes Elite sont des courses classiques mais qui présentent une difficulté au niveau du rythme, à cause des nombreux virages. En ce qui concerne les Hommes Elite, le parcours est très rapide jusqu’à la première moitié, voire les deux tiers, dans la vallée, avec le vent de dos. Mais ensuite, il faut attaquer une ascension de près de cinq kilomètres, qui peut atteindre jusqu’à 13 ou 14 %. À ce moment-là, mieux vaut avoir des réserves. Le parcours est en outre assez long : 54 kilomètres. Je pense que le contre-la-montre devrait convenir à Rohan Dennis (Australie), [au tenant du titre] Tom Dumoulin (Pays-Bas) et à d’autres spécialistes de la discipline. »

La course en ligne Hommes Elite « offre de belles perspectives aux vrais grimpeurs comme (Nairo) Quintana (Colombie) ou (Simon) Yates (Grande-Bretagne), mais aussi aux amateurs de Classiques comme (Greg) van Avermaet (Belgique) ou (Julian) Alaphilippe (France). De nombreux coureurs auront leur chance, ce qui devrait donner lieu à une course très intéressante »

« On pourrait assister à une échappée d’un coureur solitaire, car il y a une descente assez technique (après la dernière ascension). Un garçon comme (Vincenzo) Nibali (Italie) pourrait en profiter car il est à l’aise dans ce registre. Mais on pourrait tout aussi bien se retrouver avec un petit groupe de grimpeurs à la lutte pour la victoire. En tout cas, je ne pense pas qu’on assistera à une arrivée groupée de 25 ou 30 coureurs ». 

Ceux qui seraient tentés de reléguer le triple lauréat de l’épreuve Peter Sagan (Slovaquie) au rang de simple outsider à cause du parcours risquent d’être déçus : « Il est aussi sur ma liste, car Peter est quelqu’un qui aime les défis. Pour moi, il fait partie des candidats à la victoire. Il peut le faire. On s’en est rendu compte il y a quelques années, à Tirreno-Adriatico. Alors que l’arrivée se faisait en côte, après une ascension à 20 %, il a devancé des jeunes comme Quintana. De plus, il y aura sans doute beaucoup de Slovaques dans le public car nous ne sommes qu’à 4 ou 5 heures en voiture. »

Rohregger a participé aux Championnats du Monde Route UCI en tant que coureur U23 [Vérone 2004] et professionnel à trois reprises [2006, 2008 et 2011]. Il a notamment pris part aux Championnats du Monde Route UCI 2006, dans son pays, à Salzbourg.

« J’ai participé plusieurs fois aux Championnats du Monde, d’abord avec les U23 puis dans le peloton professionnel. J’ai de très bons souvenirs de ma première course à Vérone, en Italie. Le public était extraordinaire. Je pense que les Italiens seront nombreux à Innsbruck. Je m’attends à voir beaucoup de monde et une ambiance très familiale pour ces Championnats du Monde Route. »