Les compétitions de tricycles prennent de l’ampleur

juil. 23, 2018, 14:38

Le tricycle est l’une des plus anciennes formes de véhicules à propulsion humaine. La plupart des gens le découvrent dans leur enfance lorsqu’ils apprennent à faire du vélo. Le tricycle, avec le tandem, le vélo à mains et le cycle (adapté ou non ), est l’une des quatre divisions du paracyclisme et comprend deux classes pour les femmes comme pour les hommes : T1 et T2, en fonction du handicap.

Les coureurs sur tricycle ont un handicap qui touche leur équilibre et leur coordination, d’où le besoin d’avoir trois roues. La T1 est destinée aux athlètes qui ont des problèmes de coordination ou une perte de puissance musculaire plus importante que les athlètes en T2.

« L’entraînement des athlètes sur tricycle est très semblable à celui de tout autre cycliste, explique Sébastien Travers, Chef des entraîneurs du paracyclisme de Cycling Canada. Il est évident qu’il faut s’adapter pour l’entraînement technique, parce qu’un tricycle ne répond pas comme un vélo à deux roues. Nous mettons donc l’accent sur les aspects techniques de l’entraînement, de façon à nous assurer que les athlètes soient aussi efficaces sur leur vélo que n’importe quel autre athlète.

« Nous assistons à une lente augmentation du nombre de coureuses sur tricycle et à un renouvellement dans la catégorie des hommes, continue Sébastien Travers. Il est vrai que le réservoir d’athlètes est moins fourni dans la division T1, parce qu’aujourd’hui peu d’entre eux peuvent concourir au niveau mondial. Le Canada, en tant que pays, cherche à identifier et à développer plus d’athlètes sur tricycle, car c’est une catégorie qui a une place dans le programme national. »

L’une des athlètes les plus décorées en tricycle est la Canadienne Shelley Gautier : 12 titres aux Championnats du Monde Paracyclisme UCI en course en ligne et en contre-la-montre dans la catégorie femmes T1 et invaincue dans sa catégorie depuis 2010. Elle a en outre remporté la médaille de bronze aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016 dans l’épreuve combinée T1-T2 du contre-la-montre, et les médailles d’argent du contre-la-montre et de la course en ligne dans l’épreuve combinée T1-T2 aux Jeux Parapanaméricains de 2015. Cette même année, elle a été nominée aux prestigieux Laureus Awards récompensant l’athlète avec un handicap de l’année.

En 2001, l’athlète canadienne a chuté en mountain bike et elle est restée dans le coma six semaines après un traumatisme crânien. On lui a diagnostiqué une hémiparésie (affaiblissement ou paralysie partielle du côté droit du corps). Ce handicap ne l’a pas éloignée de la compétition : elle a d’abord pratiqué la voile où elle a remporté de nombreux prix, avant de revenir au cyclisme, où, début 2009, elle est devenue la première coureuse sur tricycle T1 de la scène internationale. Elle domine depuis lors cette catégorie.

« En tant que personne handicapée, je me suis investie dans Disabled Sailing, nous explique la Canadienne. Quand je me suis rendu compte que je ne pourrais pas participer aux Jeux Paralympiques avec la voile, j’ai décidé d’explorer le paracyclisme. J’ai participé aux Jeux Paralympiques de Londres et de Rio, et j’espère gagner une médaille d’une autre couleur aux prochains Jeux Paralympiques, à Tokyo.

« J’apprécie énormément le cyclisme et c’est un accident de mountain bike qui est à l’origine de mon handicap. C’est un travail de longue haleine pour gagner les Championnats du Monde UCI. J’aime l’entraînement et la compétition. Je travaille sans relâche sur des activités physiques et mentales pour me garder au meilleur de ma forme. »

Shelley Gautier explique certains des défis auxquels les athlètes sur tricycle doivent faire face : « Mon tricycle nécessite une construction et une installation sur mesure, et il est très difficile de trouver des partenaires d’entraînement. »

Si elle va fêter ses 50 ans cette année, la Canadienne est toujours au sommet de son art, en témoignent ses victoires sur le contre-la-montre et la course en ligne des deux premières manches de Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI cette saison. Elle espère continuer sa série de victoires aux Championnats du Monde Paracyclisme Route UCI 2018 à Maniago, en Italie, du 2 au 5 août.

« Plus il y a de concurrentes, plus c’est difficile. Cette année, 12 coureuses sur tricycle seront aux Championnats du Monde. »