David Lappartient à la tête de l’UCI : une année et demie de progrès - Deuxième partie

avr. 18, 2019, 22:21

Développement du cyclisme féminin et égalité hommes/femmes

La place des femmes dans le cyclisme, que ce soit au niveau du sport ou de la gouvernance, doit faire l’objet d’une attention particulière. De nombreuses mesures dans ce sens ont été prises depuis mon élection à la tête de l’UCI.

S’agissant du sport, le programme du cyclisme sur piste est presque le même pour les hommes et les femmes. Il sera tout à fait identique lorsque les équipes de vitesse féminines compteront non plus deux mais trois membres. Cette avancée devrait se concrétiser dès le début de la Coupe du Monde UCI 2020-2021 de la discipline.

Du côté du paracyclisme, nous avons innové avec un événement test de vitesse par équipes à laquelle ont participé des tandems mixtes, organisé lors des Championnats du Monde UCI 2019.

Le cyclo-cross a connu toute une série d’initiatives visant à développer le cyclisme féminin. Parmi les plus importantes je retiendrais les suivantes :

  • lors des prochains Championnats du Monde UCI de la discipline (2020), nous ajouterons pour la première fois dans ce cadre une catégorie Femmes Juniors ;
  • les quotas seront d’ailleurs les mêmes pour les hommes et les femmes dès cette édition des Mondiaux ;
  • du côté de la Coupe du Monde UCI, une course dédiée aux Femmes Juniors sera introduite dès le début de la saison 2020-2021 ; le nombre d’athlètes de cette catégorie pouvant être alignées par chaque Fédération Nationale sera par conséquent augmenté ;
  • les prize money versés par l’UCI dans le cadre du classement général de la Coupe du Monde seront les mêmes pour les hommes et les femmes dès la saison 2019-2020 ;
  • les prize money versés lors de chaque manche par les organisateurs progresseront graduellement sur trois saisons à compter de 2019-2020 pour atteindre la parité en 2022.

Toutes nos disciplines et spécialités sont pratiquées par les hommes et les femmes, sauf l’une d’entre elles : le cycle-ball. Pour remédier à cette situation que je considère comme une anomalie, nous étudions la possibilité d’intégrer le cycle-ball féminin dans le Calendrier International UCI du cyclisme en salle.

Outre la réforme du cyclisme sur route professionnel féminin mentionnée plus haut, la discipline a elle aussi connu une progression significative en termes de promotion de l’égalité hommes/femmes :

  • nous avons créé un poste de Délégué Technique pour l’UCI Women’s WorldTour ; auparavant ce poste n’existait que pour l’UCI WorldTour (masculin) ;
  • les Managers et les collaborateurs des équipes féminines sont tenus depuis 2019 de signer un document, la « Déclaration du responsable d’équipe » pour les premiers, la « Déclaration de reconnaissance des principes éthiques » pour les seconds ; ces textes visent à les sensibiliser et responsabiliser face au harcèlement que peuvent subir certaines coureuses, y compris au sein de leur propre équipe ; ces mesures seront étendues à toutes les équipes route en 2020 et à toutes les Equipes UCI d’ici 2022 ;
  • le contre-la-montre par équipes des Mondiaux UCI sera disputé par des équipes nationales sous la forme d’un relais mixte dès les Championnats du Monde Route UCI du Yorkshire, organisés en septembre 2019.

Globalement, l’objectif de complète parité lors des JO de Paris 2024 a été partagé et approuvé sur le principe par le CIO.

S’agissant de la gouvernance, je suis heureux que le Comité Directeur ait nommé Mme Amina Lanaya au poste de Directrice Générale de l’UCI.

Nous avons également pris une série d’initiatives dans ce domaine :

  • Une « Charte destinée à promouvoir l’égalité hommes-femmes dans le vélo » a été élaborée. L’une des premières mesures, en cours de développement, est la mise en place d’une politique d’égalité des sexes au sein de l’administration de l’UCI, qui fera partie intégrante du règlement du personnel. L’objectif de cette politique est de garantir à toutes et tous un traitement égalitaire, respectueux et juste, notamment en termes de recrutement, et qu’hommes et femmes disposent des mêmes opportunités professionnelles. On trouvera également dans la charte les principes fondamentaux selon lesquels l’UCI souhaite mettre en place l’égalité des salaires.
  • L’UCI a entrepris les démarches pour obtenir la certification EDGE (« Economic Dividends for Gender Equality »), standard de référence pour évaluer les engagements des entreprises et organisations en matière d’égalité professionnelle hommes-femmes.
  • La « Charte des cérémonies protocolaires » est l’un des éléments de la charte mentionnée plus haut. Entrée en vigueur à l’occasion des Championnats du Monde Route UCI 2018 d’Innsbruck-Tyrol, cette politique, qui prévoit notamment la validation des tenues des hôtes et hôtesses par l’UCI ou une représentation équitable des deux sexes dans ce rôle, figurera dorénavant dans l’ensemble des Guides d’organisation des Championnats du Monde UCI.
  • Un guide visant à aider les Fédérations Nationales à développer le cyclisme féminin est en cours d’élaboration. Il sera présenté en marge de la prochaine édition des Championnats du Monde Route UCI (Yorkshire).

Enfin, la place des athlètes dans la gouvernance a été renforcée : dorénavant, la personne élue à la Présidence de la Commission des Athlètes UCI est membre de plein droit du Comité Directeur de l’UCI. Actuellement, c’est une femme, la spécialiste du cyclo-cross et du mountain bike Katerina Nash, qui occupe cette fonction.

 

Nouveaux partenaires

Le rôle des partenaires est essentiel : ils contribuent dans une large mesure au développement et à la promotion de nos événements (Coupes du Monde et Championnats du Monde). En outre, l’arrivée de nouveaux sponsors témoigne de leur confiance dans notre sport et notre Fédération.

Depuis mon élection, trois partenaires majeurs sont venus s’ajouter à la liste de nos sponsors.

Le prestigieux fabricant d’automobiles allemand Mercedes-Benz est devenu partenaire officiel de l’UCI pour le mountain bike. Depuis la saison 2018, il présente les Championnats du Monde Mountain Bike UCI tout en étant le sponsor titre de la Coupe du Monde UCI de la discipline.

A fin 2018, deux autres acteurs de poids sont venus soutenir à leur tour le mountain bike : le célèbre lunettier américain Oakley, ainsi que le fabricant tchèque de pneumatiques Mitas. Tous deux sont devenus Partenaires Officiels des Championnats du Monde et de la Coupe du Monde de la discipline.

Solidarité

L’UCI compte aujourd’hui 194 Fédérations Nationales, un record atteint lors du Congrès d’Innsbruck (Autriche), en septembre 2018, qui avait d’ailleurs enregistré la participation de 130 d’entre elles, ce qui constitue un autre record. Si certaines Fédérations Nationales disposent déjà de programmes et de financements solides, d’autres ont besoin d’aide pour s’affirmer à leur tour sur le plan sportif au niveau international. J’ai décidé d’augmenter les ressources mises à leur disposition.

Sitôt arrivé à la tête de l’UCI, j’ai renforcé le Département des Relations Internationales de la Fédération en le dotant d’un nombre plus important de collaborateurs. Ce Département est l’interlocuteur privilégié des Fédérations au quotidien et doit leur fournir un service à la hauteur de leurs attentes.

Parallèlement, le Fonds de Solidarité servant à financer les programmes soumis par les Fédérations Nationales à l’UCI a lui aussi été davantage doté : il est passé d’un peu moins d’1 million de francs suisses à mon arrivée à la tête de l’UCI à presque 2 millions pour 2019.

S’agissant de la gouvernance, j’ai créé une Commission Solidarité et Pays Emergents du Cyclisme, dont les membres sont proposés par les Confédérations Continentales. Les objectifs de cette nouvelle Commission sont notamment de fournir des services de solidarité aux Fédérations Nationales et aux Confédérations Continentales pour appuyer leurs projets de développement, de mettre sur pied des Championnats du Monde des Pays Emergents du Cyclisme UCI et de favoriser une plus grande coopération entre les pays membres. La 1reédition des Championnats du Monde des Pays Emergents du Cyclisme UCI devrait se dérouler en 2022. L’événement sera ensuite organisé tous les quatre ans et réunira nos cinq disciplines olympiques (route, piste, mountain bike, BMX Racing et BMX Freestyle).

Le CMC UCI, où se trouve le siège de notre Fédération, est notre centre d’entraînement et de formation de haut niveau pour toutes nos disciplines olympiques. Il accueille chaque année quelque 300 jeunes athlètes et professionnels exerçant différents métiers du cyclisme (mécanicien par exemple), la grande majorité au bénéfice d’une bourse. J’ai voulu que les moyens alloués au CMC, instrument central de la politique de solidarité de l’UCI, soient augmentés. Notre investissement dans le CMC et les projets de développement via notre programme de solidarité est ainsi passé de 4,3 millions de francs suisses en 2017 à 5,9 millions de francs suisses en 2019. Cela représente une augmentation de 37 %.

Pour remplir au mieux sa mission, le CMC UCI doit offrir une infrastructure et des programmes de pointe aux Fédérations Nationales. C’est dans cette perspective que des terrains dévolus au BMX Freestyle ainsi qu’au trial seront prochainement inaugurés, que l’actuelle piste de pump track sera remplacée par une nouvelle correspondant aux standards les plus récents, et qu’une Equipe Féminine UCI du CMC UCI a été créée. C’est dans cette optique également que la décision a été prise de créer une Université des Métiers du Cyclisme (UMC) au CMC UCI, et que le réseau des satellites du Centre à travers le monde est en cours d’élargissement.

Evolution des disciplines cyclistes

Je le disais plus haut, le cyclisme est un sport qui évolue constamment. L’innovation technologique doit être intégrée quand elle est pertinente, mais nous devons rester vigilants : la nouveauté ne doit jamais porter atteinte ni à l’équité entre les participants ni à la sécurité des compétitions. S’agissant des formats, nous nous devons de proposer des formats attractifs, qui reflètent la modernité de notre sport sans trahir son héritage.

Cette dernière année et demie a été marquée par plusieurs nouveautés.

Nous avons créé un Groupe de travail Attractivité des épreuves, chargé de réfléchir aux moyens de renforcer l’attrait du cyclisme sur route et dont l’action s’étalera de janvier à septembre 2019. Composé de représentants des différentes familles du cyclisme (incluant les médias et les fans), ce groupe de travail mènera une large consultation qui débouchera sur des tests menés lors d’épreuves ciblées, et des propositions qui seront soumises à l’approbation du Comité Directeur de septembre. Les changements seront introduits en janvier 2020. 

Nous avons interdit l’usage des oreillettes sur les épreuves des Championnats du Monde Route UCI. Cela favorise des courses plus spectaculaires et remet à l’honneur le sens tactique des athlètes.

A l’issue d’une phase test qui nous a permis, avec les principaux intéressés – les coureurs et leurs équipes –, et en collaboration avec les fabricants, d’évaluer sereinement les implications de l’utilisation des freins à disque, et de contribuer à leur développement, nous avons décidé d’autoriser ces derniers dans le cyclisme sur route et le BMX Racing. Il s’agit à notre sens d’une innovation technique positive.

Nous avons clarifié les règles relatives aux propriétés techniques des équipements vestimentaires pour permettre l’innovation dans leur développement (en particulier s’agissant des gains aérodynamiques qu’ils apportent), tout en préservant une concurrence saine entre les coureurs. Nous avons également clarifié les règles qui assurent l’équité entre les athlètes dans le domaine du matériel utilisé. L’utilisation de prototypes reste autorisée, pour autant que ceux-ci aient été approuvés préalablement par l’UCI et qu’ils soient disponibles à la vente pour le public dans un délai raisonnable – clairement défini – et à un prix comparable à celui des autres produits de catégorie similaire.

Ethique

Dans le domaine de l’éthique, nous avons modifié les Statuts de l’UCI pour renforcer notre transparence en matière financière et instaurer des obligations de surveillance indépendante des élections au sein des Confédérations Continentales.

Des modifications ont également été apportées au Code d’éthique afin d’y intégrer le Code du CIO sur la Prévention des Manipulations de Compétitions ainsi que la Déclaration de Consensus sur le harcèlement et les abus sexuel. La Commission d’éthique dispose ainsi de règlements conformes aux standards les plus élevés. Les prochaines étapes seront la mise en place de campagnes d’éducation et la conclusion d’accords de surveillance sur les activités de paris.

Concernant les activité de la Commission d’éthique, celles-ci ont été diverses, allant de la surveillance des élections de l’UCI à l’administration de cas divers liés au harcèlement, aux comportements contractuels, aux conflits d’intérêts ou encore aux comportements de Fédérations Nationales.

La Commission d’éthique avait été réformée en 2015 et fera l’objet d’un renforcement cette année avec une invitation publique aux candidatures et une composition exclusivement indépendante du cyclisme.

Antidopage

L’UCI est aujourd’hui reconnue comme l’une des Fédérations Internationales leaders dans le domaine de l’antidopage. Ma nomination au Conseil de Fondation de l’AMA, l’instance décisionnelle suprême de l’institution composée de représentants du Mouvement Olympique et des gouvernements, constitue à cet égard une belle reconnaissance de notre travail et de notre crédibilité. Nous devons poursuivre nos efforts, car ce qui affecte l’un de nos membres affecte la collectivité tout entière.

Rien qu’en 2018, la Fondation Antidopage du Cyclisme (CADF), l’organisme indépendant chargé de la planification et de la réalisation des contrôles dans notre sport, a prélevé 15'281 échantillons pour le compte de l’UCI (7'335 en compétition et 7'946 hors compétition). Parmi ces échantillons, 5'589 l’ont été dans le cadre du Passeport Biologique de l’Athlète.

 

David Lappartient

Président de l’UCI