EuroEyes Cyclassics Hamburg : Pascal Ackermann, la relève du sprint allemand

août 22, 2019, 11:09

L’époque dorée du sprint allemand peut sembler à certains disparaitre rapidement alors qu’André Greipel, Marcel Kittel et John Degenkolb sont soit proches de la retraite sportive ou concentrés sur de nouveaux objectifs. Mais soyez assurés qu’un autre coureur est en train de prendre la relève : Pascal Ackermann. A 25 ans, il sera l’une des grandes stars de l’EuroEyes Cyclassics à Hambourg ce weekend.

 

Esow Alben, L Ronaldo Singh, Y Rojit Singh et Jemsh Singh, adolescents qui ont apporté à l’Inde son premier titre de Champion du Monde UCI en décrochant, la semaine dernière, la médaille d’or de la vitesse par équipes juniors en Allemagne, à Francfort, peuvent s’inspirer pour construire leur avenir cycliste du parcours de Pascal Ackermann. L’Allemand s’était imposé dans la spécialité en 2011, à Moscou, en compagnie de Max Niederlag et Benjamin König. Dans la même compétition, Caleb Ewan avait remporté l’omnium pour l’Australie. Ackermann apparaissait alors comme le futur crack du kilomètre, mais une blessure au genou a freiné sa progression et l’a éloigné des vélodromes. Il est passé sur la route avec beaucoup de vitesse dans les jambes.

 

 

Il s’est adjugé la médaille d’argent aux Championnats du Monde Route UCI des Moins de 23 Ans à Doha (Qatar), en 2016, battu par le Norvégien Kristoffer Halvorsen, actuel membre du Team Ineos, tandis que le médaillé de bronze était l’Italien Jakub Mareczko, qui milite désormais au CCC Team. L’événement s’est produit juste avant son entrée dans l’UCI WorldTour avec Bora-Hansgrohe. Depuis lors, son évolution est spectaculaire. En 2018, il a remporté neuf courses, six de l’UCI WorldTour, le championnat d’Allemagne et le doublé Brussels Classic-GP Fourmies le même weekend, que seul Robbie McEwen avait réalisé avant lui, en 2005.

 

L’éclosion d’Ackermann signifiait qu’il était prêt pour le grand saut dans un Grand Tour. Chez Bora-Hansgrohe, l’aligner au départ du Giro d’Italia semblait une évidence mais cela impliquait de faire patienter l’Irlandais Sam Bennett jusqu’à La Vuelta malgré ses trois victoires d’étapes en 2018 sur la Course Rose. « Bien sûr que ça me mettait de la pression mais c’était une pression positive », déclara l’Allemand après son premier sprint massif victorieux en Italie, pas plus tard qu’à l’arrivée de la deuxième étape où il a battu des spécialistes déjà multi-victorieux sur les Grands Tours : Elia Viviani, Fernando Gaviria, Arnaud Démare et Caleb Ewan.

 

Ackermann est sorti du Giro avec l’étiquette de meilleur sprinter, vainqueur également du classement par points malgré un coup d’arrêt provoqué par une chute sérieuse à la 11e étape. Il a traîné ses blessures et ses bandages pour escalader quand même les Alpes et les Dolomites. Questionné sur le fait qu’il ait pu envisager d’abandonner, il a répliqué sans sourciller : « Certainement pas ! Sinon, je ne serais pas Pascal Ackermann. » L’homme a de l’orgueil et du courage. Son abnégation a payé quand, deuxième de la 19e étape, il a repris le maillot cyclamen à Arnaud Démare qui semblait pourtant être un solide leader du classement par points.

 

 

« Le Giro a été un succès pour moi et c’était mon objectif principal de la saison, a-t-il analysé. Tout ce qui peut arriver ensuite ne serait que du bonus. » Le bonus n’a pas tardé : dès la première étape du Tour de Slovénie, en juin, il s’est de nouveau imposé, de même qu’à son retour à la compétition après sa coupure de juillet, il a remporté deux étapes au Tour de Pologne et la médaille de bronze aux Championnats d’Europe à Alkmaar. Aux Pays-Bas, il n’a pas eu peur de s’échapper du groupe de tête en compagnie d’Elia Viviani et d’Yves Lampaert.

 

Ackermann est un grand sprinter mais pas seulement un sprinter. Il est doté d’un fort charisme et sa personnalité s’exprime par un sourire de tous les instants. « J’ai débuté le cyclisme à l’âge de 7 ans et je me sens extrêmement chanceux d’avoir pu faire de ma passion mon travail », dit-il. Il est encore jeune mais il a déjà une rue à son nom. Le Pascal Ackermann-Weg se trouve à Minfeld, d’où il vient, non loin de la frontière française avec l’Alsace. La décision du conseil municipal avait fait suite aux Championnats du Monde UCI de Doha.

 

 

Sprinter remarqué, Ackermann a tout ce qu’il faut pour devenir le leader incontesté du sprint allemand après Marcel Kittel et André Greipel. Samedi 25 août, la foule l’attend à l’EuroEyes Cyclassics de Hambourg qui s’achève le plus souvent par un sprint massif. C’est une grande journée annuelle de cyclisme et pas seulement une course créée en 1996 pour les professionnels. La « Jedermannrennen » (épreuve pour chacun) attire chaque année plus de 20 000 cyclistes de tous niveaux. Trois distances sont possibles : 55 km, 100 km ou 155 km. Les fans allemands se sont passionnés en juillet pour Emanuel Buchmann, lui aussi membre de l’équipe Bora-Hansgrohe, 4e du Tour de France. À la différence des années précédentes, un de leurs compatriotes jouait le classement général, en lieu et place des chasseurs d’étapes des années précédentes : Tony Martin et les sprinters. Mais avec Pascal Ackermann ils ne devraient pas attendre très longtemps avant de revoir un des leurs au plus haut niveau dans les arrivées groupées.