Journée internationale des femmes : les pros ouvrent la voie aux filles

mars 8, 2019, 09:56

En cette journée internationale des femmes (8 mars), penchons-nous sur des initiatives prises par deux cyclistes professionnelles et destinées à de jeunes filles. L’Américaine Lea Davison et l’Australienne Caroline Buchanan font partie d’un nombre croissant de professionnelles s’attelant à l’avenir de celles qui leur succèderont, et leur message dépasse largement le cadre du cyclisme.

Lea Davison et Little Bellas

« À Little Bellas, nous essayons d’encourager un bon état d’esprit et de créer une dynamique où l’échec est accepté ; il fait partie du sport et de la vie. Quand on l’accepte, il devient très valorisant. » Lea Davison

Lea Davison n’est pas n’importe quelle mountain bikeuse : double athlète olympique (7e à Rio 2016) et médaillée d’argent aux Championnats du Monde UCI en 2016, elle a commencé le cyclisme avec sa sœur Sabra. Les deux sœurs étant les seules filles dans l’équipe de développement Junior des États-Unis, Lea Davison s’est rapidement rendu compte qu’il y avait un déséquilibre entre les sexes ; pas seulement dans son équipe, mais également dans les courses. 

« Les Juniors hommes étaient bien plus nombreux sur la ligne de départ que les Juniors femmes. Nous avons été éduquées par des parents féministes, et nous avons vite vu que ce n’était pas juste, et que nous voulions changer cela. »

Les deux sœurs se sont associées à Angela Irvine, une athlète dans le même état d’esprit, et elles ont formé ensemble Little Bellas : destiné aux filles âgées de 7 à 16 ans, ce programme inaugural comprenait douze entraînements le dimanche. Cela remonte à 2007 ; presque douze ans plus tard, quelque 4500 filles – en prenant en compte celles enregistrées pour 2019 – se sont inscrites à Little Bellas. Au programme : sessions hebdomadaires en été et des camps de plusieurs jours dirigés par un nombre croissant de femmes.

« Nous voulons que les filles s’affirment grâce au cyclisme, explique Davison. Le sport, et notamment le mountain bike, est une activité qui a énormément d’impact pour les filles. En mountain bike, il faut franchir des obstacles, au sens le plus littéral du terme, et cette démarche se rapproche des défis dans la vraie vie. »

« À Little Bellas, nous essayons d’encourager un bon état d’esprit et de créer une dynamique où l’échec est accepté ; il fait partie du sport et de la vie. Quand on l’accepte, il devient très valorisant. »

Davison se plaît dans son rôle de mentore ; aux yeux des participantes, elle n’est plus une pro intimidante, mais une amie.

« Aider de cette façon est la chose la plus importante que je ferai dans ma carrière cycliste. Aller vite quand je suis à vélo est une chose géniale, mais si je peux avoir un impact positif sur des filles et être un bon modèle, j’aurai l’impression d’avoir vraiment réussi. »

La Next Gen de Caroline Buchanan

« Je sens vraiment qu’il y a eu un grand changement quant au soutien pour le sport féminin : les prize-money sont identiques dans des compétitions et de leur côté, les réseaux sociaux et les médias traditionnels parlent de façon positive de sportives qui ont réussi. » Caroline Buchanan

Caroline Buchanan n’a pas vraiment besoin d’être présentée ; avec trois titres mondiaux en BMX et cinq en mountain bike à son actif, l’athlète australienne a participé aux Championnats du Monde UCI dans quatre disciplines : BMX Racing, descente, four-cross et plus récemment BMX Freestyle.

Et quand elle n’est pas en train de s’entraîner ou en compétition, elle transmet sa passion à de jeunes filles.

Depuis le lancement de son initiative Buchanan Next Gen en 2014, l’Australienne a récolté chaque année assez de fonds pour envoyer une ou deux filles aux Championnats du Monde BMX UCI dans les catégories Challenge. Un nouveau sponsor l’épaulera cette année : Rubik3, entreprise pour solutions stratégiques de commerce.

Le rôle de l’Australienne ne se limite pas au financement ; elle prend sous ses ailes de jeunes athlètes prometteuses.

« Ce sport m’a fait vivre des moments incroyables et m’a amenée jusqu’au plus haut niveau en participant aux Jeux olympiques pour l’Australie, donc je voulais apporter ma pierre à l'édifice pour les générations futures. Dans ce sport à caractère masculin, j’adore aider les filles à surmonter l’adversité qui y règne quand elles cherchent à être les meilleures au monde. Leur donner la possibilité de participer à des compétitions d’envergure internationale et d’engranger l’expérience nécessaire pour être les championnes de demain. »

Le palmarès de l’athlète australienne au cours de sa carrière, dans des disciplines cyclistes historiquement à dominance masculine, est impressionnant. Depuis qu’elle a commencé, elle a vu une évolution.

« Je sens vraiment qu’il y a eu un grand changement quant au soutien pour le sport féminin : les prize-money sont identiques dans des compétitions et de leur côté, les réseaux sociaux et les médias traditionnels parlent de façon positive de sportives qui ont réussi. »

Elle voit ce progrès comme une motivation supplémentaire pour continuer d’agir « un peu comme une super-héroïne moderne et rebelle qui fait les choses différemment, qui casse les codes et œuvre pour l’avenir du cyclisme féminin, du sport féminin et du développement des femmes en général. »

Pour la championne australienne, le développement des femmes dépasse le cadre du cyclisme, et elle a récemment publié le premier d’une série de livres pour enfants intitulés Girls Can B, qui s’éloigne du stéréotype de la princesse dans un conte de fées.

« Il est écrit pour les filles, mais il n’y a pas de règles. Donc les garçons, c’est aussi pour vous », a déclaré la cycliste et autrice australienne.