Retour des compétitions cyclistes : les Pitchounes en action

août 14, 2020, 10:01

Deuxième course par étapes de l’UCI WorldTour depuis la reprise des compétitions cyclistes, le Critérium du Dauphiné est suivi cette semaine par les fans de cyclisme du monde entier.

La pandémie de coronavirus apportant son lot de restrictions quant au nombre de spectateurs autorisés sur les lignes de départ et d’arrivée, les mentions dans les médias sont plus importantes que jamais. De nombreuses sources d’informations sont disponibles chaque soir, dont le programme radio quotidien "Détour sur les Tours", présenté par Média-Pitchounes.

Quelle est la différence entre les médias sportifs traditionnels et Média-Pitchounes ?

Ce dernier est composé de jeunes âgés de 8 à 17 ans, sans formation officielle en journalisme et, dans la plupart des cas, sans connaissances préalables de l’univers cycliste.

 

 

« J’ai toujours souvenir d’un gamin qui demandait à Bernard Hinault de se présenter, se remémore Laurent Girard, fondateur de l’association Média-Pitchounes. Je pense que cela ne lui était jamais arrivé ! »

Malgré cette particularité, Média-Pitchounes est devenu connu et respecté dans le paysage sportif français depuis sa création en 2005. L’association basée à Toulouse – avec une antenne à Nantes – ne couvrait à ses débuts que le football, avant de progressivement se développer pour inclure d’autres sports.

Le cyclisme fait partie des activités de l’association depuis 2009.

Au départ, la plupart des jeunes membres – originaires du quartier de la Bagatelle – ne comprenaient pas la passion de Laurent Girard pour le Tour de France. Ce qui ne l’a pas découragé pour autant : « J’ai dit banco, je vous y emmène, et on en parle après. On est partis camper dans un col des Pyrénées, et la magie a opéré. »

Chaque année, les jeunes « journalistes » publient un magazine composé d’entretiens et d’articles portant sur un thème précis. En 2020, la position des femmes est à l’honneur : dans cette optique, le magazine se penche sur l’histoire du cyclisme féminin et comprend des entretiens avec de nombreux grands noms du cyclisme d’hier et d’aujourd’hui. Le magazine, qui totalise 64 pages, a été distribué à La Route d’Occitanie - la Dépêche du Midi (1er au 4 août) et sera également distribué sur Critérium du Dauphiné, les Championnats de France et le Tour de France.

Mais ce n’est pas tout, comme l’explique le fondateur de l’association : « Sur les diverses compétitions, le travail varie selon les années : créations de newsletters ou du journal du Tour en vidéo sur chaque étape. Cette année, nouveau défi pour eux, la radio. Une heure de direct chaque soir. Ils ont eu tout le mois de juillet pour se préparer. »

Les Pitchounes qui se retrouveront derrière le microphone ne seront pas des novices dans cet exercice et auront déjà acquis des bases solides.

 

 

« Nous partons du principe qu’un cycliste ne se retrouve pas sur la plus grande compétition mondiale dès ses débuts. Pour les pitchounes, c’est pareil, explique Laurent Girard. Avant de poser leurs micros sur le Tour, ils doivent passer des étapes. »

La première année, ils sont présents sur une course Moins de 23 ans et effectuent du travail bénévole sur des événements de masse puis à la Route d’Occitanie – la Dépêche du Midi (catégorie UCI 2.1).

Depuis 2010, l’association a envoyé 158 jeunes pour travailler sur le Tour de France. Cette année, 18 jeunes âgés de 10 à 17 ans se chargeront de la couverture médiatique du Tour, depuis le Grand Départ à Nice jusqu’aux étapes dans les Pyrénées.

Ce sera l’aboutissement de plusieurs mois de travail acharné, et ce, malgré un été marqué par les incertitudes.

« Ce confinement fut assez difficile à gérer pour certains enfants, membres de familles nombreuses vivant dans de petits appartements… » observe Laurent Girard.

L’association Média-Pitchounes a prêté ses ordinateurs aux familles, a investi dans des home trainers pour qu’ils puissent se retrouver quotidiennement sur Zwift, a organisé des réunions vidéo pour qu’ils puissent passer plus de temps ensemble et travailler sur leur magazine, sans même savoir s’il serait distribué. Dès que le cyclisme en extérieur a été autorisé, les jeunes se sont retrouvés pour rouler ensemble.

« Le vélo est devenu vraiment pour eux un exutoire et une réelle passion », explique le Président de l’association.

Plus que du journalisme

Pour ne pas se limiter au côté journalistique du sport, ces jeunes sont devenus des cyclistes assidus. Beaucoup d’entre eux ont connu leur première sortie avec les Pitchounes, en apprenant à respecter les distances et la sécurité. Cette année, ils ont créé une section féminine proposant des sorties organisées à vélo, des ateliers et des initiations. Dans l’objectif de se lancer peut-être un jour dans la compétition, deux filles ont reçu un vélo afin de prendre part à des événements de masse.

Les Pitchounes se lancent régulièrement des défis, comme se relayer pendant plus de 1'000 km pour lever des fonds destinés à la recherche contre la spondylarthrite ankylosante (une maladie inflammatoire). L’année dernière, l’association fêtait sa 10e année de lobbying pour un « Tour au pied des tours » ; elle a été récompensée quand le Tour de France est passé par Bagatelle et devant le siège social de l’association.

 

 

Laurent Girard a un objectif : « fédérer autour de la citoyenneté par le sport », et c’est ce qu’il fait depuis 15 ans ; des cyclistes professionnels, le Directeur du Tour de France Christian Prudhomme, des organisateurs, des sponsors et des spectateurs se sont rassemblés pour aider les journalistes en herbe.

« Les Pitchounes font désormais partie du monde cycliste, nous sommes de plus en plus sollicités, mais malheureusement nous ne pouvons pas tout couvrir. Ces enfants amènent un peu de fraîcheur et de naïveté qui changent un peu des journalistes habituels. 

« Notre plus grande fierté, c’est de les voir grandir, et qu’ils prennent conscience que rien n’est impossible malgré leurs situations sociales. »