Le Tour, toujours

août 26, 2020, 10:29

"Pour Nice, c'est un merveilleux symbole de reprise de la vie." Le maire de Nice Christian Estrosi était un homme heureux lorsque Christian Prudhomme, directeur des événements cyclistes chez Amaury Sport Organisation, a pu annoncer de nouvelles dates pour la tenue du Tour de France. Le peloton, qui devait s'élancer dans sa ville le 27 juin, visitera finalement la Promenade des Anglais ce week-end, avec un Grand Départ samedi 29 août. Et il ralliera Paris à une date inhabituellement tardive, le 20 septembre, après 3 482 kilomètres de course et de célébrations.

 

"Nissa la Bella" verra donc bien la grande caravane du Tour poser ses bagages en bord de mer, pour entamer une itinérance adaptée aux circonstances. La Grande Boucle est toujours une fête, mais elle est particulièrement attendue cette année par les amoureux de la Petite Reine comme par les professionnels des nombreux secteurs qui bénéficient de son activité retentissante.

 

Accueillir le Tour, c'est la promesse de voir les merveilles du cru s'afficher dans le monde entier, avec une diffusion dans 190 pays et des audiences qui atteignent les 3,5 milliards de téléspectateurs. La course au maillot jaune ne bénéficiera pas de l'engouement juilletiste mais elle s'inscrit dans l'élan enthousiaste qui accompagne la reprise des épreuves, attendue par tous les passionnés frustrés par plusieurs mois de pause.

 

"Le propre de l'organisation, c'est de s'adapter"

Voir le Tour sillonner les routes de France s'apparente à un petit miracle, que chacun appelait de ses voeux lorsque les perspectives s’assombrissaient. Lorsque la France a adopté un confinement généralisé, au début du printemps, il était difficile d’imaginer le vainqueur sortant colombien, Egan Bernal (Team Ineos), affronter ses adversaires du monde entier sur les pentes du Col de la Loze ou celles du Grand Colombier. Le report des autres événements majeurs tels que les Jeux Olympiques ou l'Euro 2020 de football faisait craindre un été sans grandes compétitions sportives...

 

S'adapter plutôt que renoncer, c'est le pari remporté par Christian Prudhomme et tous les acteurs du cyclisme réunis autour du Tour : « Le propre de l'organisation, c'est de s'adapter. On a commencé à relever le défi en obtenant l'aval de tous les élus concernés. »

 

Les partenaires du Tour se sont engagés. Les organisateurs d'événements se sont réunis autour de l'UCI pour établir un nouveau calendrier de courses. Un protocole sanitaire a été mis en place, avec des contrôles réguliers et la mise en place de "bulles" qui doivent permettre de limiter les risques de propagation du Covid-19 et d’isoler les cas suspects au plus vite. Les cérémonies protocolaires s'adaptent également aux contraintes et ASO estime qu'il y aura environ 3 000 personnes qui voyageront avec le Tour, contre 5 000 habituellement.

 

 

 

Autant de contraintes nécessaires : le Tour a lieu et les participants peuvent souffler un grand ouf de soulagement, à commencer par les dirigeants d'équipes. “Sans le Tour de France, tout le modèle économique pourrait s’effondrer”, s'inquiétait le patron des Deceuninck-Quick Step Patrick Lefevere, dont les coureurs sont habitués à briller en juillet : 12 victoires d'étapes sur les trois dernières éditions et une épopée en jaune avec laquelle Julian Alaphilippe a fasciné le monde entier en 2019.

 

Le Français sera bien au rendez-vous du Tour, en août, avec un solide "Wolfpack" à ses côtés pour emballer à nouveau les spectateurs.

 

 

 

Que la fête soit belle

Les équipes invitées veulent elles aussi assurer le spectacle, à l'image des B&B Hôtels - Vital Concept de Jérôme Pineau pour qui cette participation au Tour, au cours de la troisième saison de l'équipe, constitue déjà une immense récompense. “Quelle que soit la date, que la fête soit belle”, a déclaré dans Le Télégramme le jeune dirigeant, qui a participé 13 fois à la grande fête estivale en tant que coureur.

 

Son équipe bretonne est prête à illuminer la rentrée des Français, qui rêvent également d'un samedi 19 septembre historique. À la veille de l'arrivée à Paris, avec une parade sur les Champs-Élysées après trois semaines à sillonner la France, les Vosges peuvent couronner un enfant du pays. Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) sera sur ses routes d'entraînement au moment de disputer le contre-la-montre de La-Planche-des-Belles-Filles, qu'on annonce décisif dans la conquête du Tour.

 

Trente-cinq ans après Bernard Hinault, un an après son abandon meurtrissant, le Franc-Comtois aura bien l'occasion de reprendre sa quête inachevée. Il sera accompagné par la clameur des spectateurs, qui devront respecter les consignes sanitaires en vigueur en France et qui sont invités à venir masqués sur les bords des routes. "Le Tour, c'est 3 500 km de sourires", a l'habitude de dire Christian Prudhomme. Du 29 août au 20 septembre, ces sourires seront masqués mais omniprésents, de Nice à Paris.