Giro d’Italia : Richard Carapaz ajoute l’Équateur à la liste des pays vainqueurs de Grands Tours

Richard Carapaz (Movistar) est devenu le premier Équatorien vainqueur d’un Grand Tour en triomphant dans les arènes de Vérone aves, à ses côtés sur le podium final du Giro d’Italia, deux des grands favoris d’avant-course, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) et Primoz Roglic (Jumbo-Visma). Dès lors que Tom Dumoulin (Team Sunweb) avait abandonné la course, sur chute, le jour de sa première victoire d’étape, il a tiré le meilleur de la rivalité entre l’Italien et le Slovène, ainsi que de la supériorité de son équipe grâce à la présence de Mikel Landa qui a dû se contenter de la quatrième place mais a joué un rôle fondamental dans la défense du maillot rose en dernière semaine.

« Je suis très fier de ce que j’ai accompli, a déclaré Carapaz au terme de son odyssée. Je suis ravi de réaliser mon rêve de remporter un Grand Tour. Il ne faut jamais oublier ses rêves d’enfant. Un jour, ils peuvent devenir réalité à force de travail et de détermination. Au cours de mes quatre saisons dans le cyclisme européen, j’ai compris qu’il fallait savoir saisir les opportunités. »

Le parcours du 102e Giro d’Italia était divisé en deux parties bien distinctes, la première n’offrant aucune côte majeure à la différence des éditions précédentes. Invaincu au classement général des trois courses auxquelles il avait pris part cette saison (UAE Tour, Tirreno-Adriatico, Tour de Romandie), Primoz Roglic a dominé les deux premiers contre-la-montre : au sommet du San Luca de Bologne le premier jour et dans la République de San Marin, qui se situe également sur un piton rocheux, au terme de la neuvième étape.

Le Slovène a porté le maillot rose pendant cinq jours, mais, sans savoir qu’il ne le réendosserait pas, il l’a laissé filer après la première séquence dédiée aux sprinters. Elle a porté au plus niveau Pascal Ackermann (Bora-Hansgrohe), débutant dans un Grand Tour et rapidement nanti de deux victoires d’étapes. L’arrivée de Frascati, favorable aux puncheurs, a remis Carapaz dans le jeu au lendemain de sa déception d’avoir perdu 46 secondes à cause d’un incident mécanique.

Alors que Fausto Masnada a ouvert la série de cinq victoires d’étapes italiennes (poursuivie par Cesare Benedetti, Dario Cataldo, Giulio Ciccone et Damiano Cima), Valerio Conti (UAE Team Emirates) s’est lancée dans une aventure en rose comme l’Italie en raffole. Premier coureur de Rome en tête du Giro depuis Dario Beni, vainqueur de la toute première étape, à Bologne, en 1909, il a tenu six jours avant de passer le témoin à son coéquipier Jan Polanc, autre Slovène. Avant que Carapaz retrouve la lumière à travers une attaque bien sentie dans l’ascension du San Carlo au moment de l’épreuve où Roglic et Nibali étaient englués dans une rivalité stérile, Caleb Ewan (Lotto-Soudal) avait remporté deux étapes et Arnaud Démare (Groupama-FDJ) une.

Des étapes montagneuses ont apporté leur heure de gloire à des équipiers dévoués de longue date : Benedetti à Pinerolo, Cataldo à Côme et Bilbao au sommet du Croce d’Aune-Monte Avena après que le Basque d’Astana eut déjà trouvé l’ouverture à L’Aquila où le Giro a rendu hommage, dix ans après, aux victimes du tremblement de terre d’avril 2009. Giulio Ciccone s’est adjugé l’étape du Mortirolo amputée du Gavia enneigé. Il a conquis le cœur des Italiens par sa motivation en montagne, l’autre coureur populaire par son esprit d’entreprise étant Masnada, premier porteur du prénom Coppi à remporter la Cima Coppi, au Passo Manghen, devenu le toit du Giro après l’annulation du Gavia.

Ce fut un Giro très animé en même temps que Movistar a très intelligemment défendu le maillot rose en jouant de ses deux cartes, Carapaz et Landa. Le Passo Manghen a mis en évidence la domination de trois grimpeurs : Carapaz, Landa et Lopez, dont les trois semaines de courses ont été faites de hauts et de bas. Pour la deuxième année consécutive, le Colombien a été couronné meilleur jeune, mais septième cette fois à défaut d’obtenir une place dans le top 3 comme à Rome l’an passé. « À cause de la malchance, pas à cause de mauvaises jambes », a argumenté l’escaladeur d’Astana, mis à terre dans la dernière ascension par un spectateur imprudent.

Roglic a logiquement repris la troisième place à Landa à l’occasion du contre-la-montre terminal au cours duquel, à l’instar de Fausto Masnada, Cesare Benedetti, Nans Peters et Damiano Cima, Chad Haga (Team Sunweb) a remporté sa première victoire estampillée UCI WorldTour. Il a même vengé son leader, Tom Dumoulin. Ciccone et Ackermann ont ajouté un maillot distinctif à leurs victoires d’étapes, l’Italien menant quasiment de bout en bout le classement de la montagne (sauf un jour) et l’Allemand s’adjugeant le classement par points. De nouvelles têtes, bien souriantes, sont apparues sur ce Giro.