Le Mont Royal, haut lieu du cyclisme au Canada

C’est un héritage olympique : 43 ans après les JO de 1976, le Mont Royal, accueille toujours les meilleurs cyclistes du monde, dans le cadre du Grand Prix Cycliste de Montréal, quelques jours après le Grand Prix Cycliste de Québec. Et les stars seront bientôt de retour au Canada pour ces deux épreuves du calendrier UCI WorldTour, à commencer par le numéro un mondial Julian Alaphilippe et le plus connu des coureurs actuels, Peter Sagan.

En 1976, seuls les athlètes amateurs étaient admis aux Jeux Olympiques, si bien qu’il n’était pas question d’Eddy Merckx, de Bernard Thévenet ou de Felice Gimondi, mais du Suédois Bernt Johansson, vainqueur en solitaire de la course en ligne. Curieusement, on retrouvait dans le top 10 de l’épreuve trois directeurs sportifs encore très influents de nos jours dans le cyclisme professionnel : Giuseppe Martinelli (Astana Pro Team), médaillé d’argent, Jean-René Bernaudeau (Total Direct Energie), septième, et Vittorio Algeri (Mitchelton-Scott), huitième de l’épreuve disputée sur le Mont Royal le 26 juillet sur 14 tours du circuit de 12,5 km. D’autres villes telles que Londres (Prudential RideLondon-Surrey Classic), Paris (Tour de France), Melbourne (Cadel Evans Great Ocean Road Race) et Barcelone (Volta a Catalunya) accueillent aussi des courses UCI WorldTour chaque année, après avoir organisé les Jeux Olympiques, mais le Grand Prix Cycliste de Montréal est probablement la compétition dont l’identité est la plus proche de celle de la course olympique disputée au même endroit.

C’est le producteur TV Serge Arsenault qui a relancé cet héritage, tout d’abord à travers la Coupe du Monde FICP en 1988, dans la foulée de la victoire de son compatriote Steve Bauer qui demeure l’icône du cyclisme canadien même si depuis Ryder Hesjedal a remporté le Giro d’Italia en 2012. Le regretté Franco Ballerini a remporté cette épreuve dans des conditions épiques en 1990, sous un incessant torrent de pluie toute la journée. Malgré cela, les cyclistes adoraient, au début des années 90, faire le voyage dans la ville canadienne francophone dont ils appréciaient – comme ceux d’aujourd’hui – le remarquable sens de l’hospitalité.

La manche nord-américaine de la Coupe du Monde UCI en avait totalement embrassé le concept, produisant un show TV du départ à l’arrivée de la course, avec un direct segmenté de résumés des manches précédentes, permettant aux téléspectateurs de revoir Gianni Bugno remporter Milano-Sanremo, Moreno Argentin opérer son comeback gagnant au Tour des Flandres, Eddy Planckaert battre Steve Bauer à la photo-finish à Paris-Roubaix… de même que Miguel Indurain, qui n’était pas encore un vainqueur du Tour de France, s’imposer à la Klasika San Sebastian et Charly Mottet, qui est maintenant le directeur technique des courses canadiennes, empocher la Züri Metzgete, en Suisse.

La première version du Grand Prix des Amériques a duré de 1988 à 1996. Serge Arsenault est revenu à la charge en 2010 en voyant l’émergence de l’UCI ProTour – maintenant UCI WorldTour. Il peut regarder avec satisfaction le palmarès du Grand Prix Cycliste de Montréal dans sa mouture actuelle : Robert Gesink (2010), Rui Costa (2011), Lars-Petter Nordhaug (2012), Peter Sagan (2013), Simon Gerrans (2014), Tim Wellens (2015), Greg Van Avermaet (2016, après son titre olympique aux Jeux de Rio), Diego Ulissi (2017) et Michael Matthews (2018).

Mais Arsenault a renoué avec la scène du cyclisme international en instaurant deux événements en trois jours au lieu d’un seul, avec le GP Cycliste de Québec en ouverture du week-end canadien. La capitale de la région du même n’a également couronné que des grands noms : Thomas Voeckler (2010), Philippe Gilbert (2011), Simon Gerrans (2012 et 2014), Robert Gesink (2013), Rigoberto Uran (2015), Peter Sagan (2016 et 2017) et Michael Matthews (2018). Deux coureurs seulement ont réalisé le doublé : Gerrans et Matthews, tous deux Australiens.

Des participants réguliers comme Sagan, Van Avermaet et Matthews sont de retour dans la belle province, qui leur fournira un terrain idéal pour préparer les Championnat du Monde Route UCI qui auront lieu dans le Yorkshire, en Grande-Bretagne, fin septembre. Vincenzo Nibali est également très attendu par les amoureux du cyclisme en Amérique du Nord, eu égard à son impressionnant palmarès. Mais tous les regards seront tournés vers la nouvelle star, Julian Alaphilippe, qui a conquis le cœur de beaucoup de fans au cours de son odyssée de quatorze jours avec le Maillot Jaune du Tour de France. Au début de sa carrière pro, le Français a pris part à trois reprises aux courses canadiennes (2014, 2015 et 2016). Son meilleur résultat avait été dixième à Montréal il y a trois ans. Après sa reprise au Deutschland Tour, il est prêt pour une autre parcelle de gloire dans la dernière partie de la saison 2019.