Les stars néerlandaises ont illuminé le Giro d’Italia Internazionale Femminile

Le Giro d’Italia Internazionale Femminile (communément appelé Giro Rosa) est la course par étapes que les stars de l’UCI Women’s WorldTour veulent inscrire à leur palmarès. Et ces stars sont souvent néerlandaises : en plus de rééditer son succès de l’an passé, Annemiek van Vleuten (Mitchelton – Scott) s’est adjugé deux victoires d’étapes, Anna van der Breggen (Boels Dolmans Cyclingteam) a connu son jour de gloire, et Marianne Vos (CCC – Liv) a remporté pas moins de quatre étapes en dix jours de course.

Les ingrédients du succès du cyclisme en Italie, aussi bien pour les femmes que pour les hommes, résident dans l’histoire et la géographie. Alors que le pays célèbre les 100 ans de la naissance de Fausto Coppi, sans doute son champion le plus charismatique de tous les temps, le Giro Rosa est parti de ses terres, avec un contre-la-montre par équipes de 18 kilomètres arrivant à Castellania, le village du campionissimo.

Tandis que les équipes Boels Dolmans Cyclingteam et Trek-Segafredo ont été victimes d’incidents mécaniques, les Championnes du Monde UCI de Canyon//SRAM Racing ont confirmé leur rang dans la spécialité en l’emportant avec 24 secondes d’avance sur l’équipe Bigla de Cecilie Uttrup Ludwig, ce qui a mené aux commandes du classement général la Polonaise Katarzyna Niewiadoma, l’une des favorites pour la victoire finale. Annemiek van Vleuten et Anna van der Breggen pointant à environ une minute, cela ouvrait le jeu d’entrée.

En cyclisme, il est toujours question d’escalade en Italie, quelle que soit la région où l’on se trouve, et cette fois, le Giro Rosa s’est déroulé essentiellement dans la partie Nord du pays. Dans une deuxième étape particulièrement animée, le peloton s’est regroupé à six kilomètres de l’arrivée, mais le final spectaculaire à Viù, sur un terrain en légère montée, a favorisé une victoire de Marianne Vos. Déjà, la domination néerlandaise était patente avec quatre d’entre elles aux quatre premières places avec Annemiek van Vleuten, Lucinda Brand et Anna van der Breggen aux places d’honneur.

C’est seulement à la moitié du Giro Rosa qu’Annemiek van Vleuten a détrôné Katarzyna Niewiadoma. Dans la foulée d’une deuxième victoire d’étape consécutive de Marianne Vos et d’un triplé italien à Carate Brianza où Letizia Borghesi, Nadia Quagliotto et Chiara Perini ont terminé dans cet ordre, les regards étaient tournés vers le Passo Gavia. En mai, l’ascension mythique avait dû être rayée de la carte du Giro d’Italia à cause de la neige et des risques d’avalanche au passage de la course. Son sommet à 2’618 mètres au-dessus du niveau de la mer devait servir d’arrivée à la cinquième étape du Giro Rosa, mais le mauvais état de la chaussée a contraint les organisateurs à se rabattre sur les lacs de Cancano (1'936 mètres d’altitude). C’était suffisamment montagneux pour que la meilleure grimpeuse l’emporte. Annemiek van Vleuten est partie seule, se souvenant qu’en 2011, au même endroit, elle avait terminé dans le grupetto à quarante minutes de la Britannique Emma Pooley. A l’époque, elle se remettait tout juste d’une blessure à un genou et courait chez Rabobank au service de Marianne Vos. Depuis lors, elle s’est affirmée comme la championne qui a le plus progressé.

« Tout simplement, j’adore travailler dur », dit-elle. Quand ce n’est pas à Gran Canaria, elle part en stage dans les montagnes italiennes. Début 2019, alors qu’elle relevait une nouvelle fois de blessure à la suite de sa fracture d’une rotule survenue lors des Championnats du Monde UCI à Innsbruck-Tyrol (Autriche), elle s’est entraînée avec la phalange masculine de son équipe Mitchelton-Scott. Elle se souvient avoir « pleuré de douleur » le troisième jour, tentant de tenir la roue des jumeaux Yates en montée. « Ça a payé », se réjouit-elle avant de confirmer sa supériorité dans le contre-la-montre en côte entre Chiuro et Teglio.

Après la sixième étape, son avance sur Niewiadoma et van der Breggen était déjà de 4’17’’ et elle détenait tous les maillots distinctifs possibles : rose, cyclamen et vert (pour le général, les points et la montagne). A Maniago, alors que la course était arrivée dans le Frioul pour d’autres étapes difficiles, elle s’est montrée profondément émue de la présence inattendue de sa mère de 71 ans, qui avait fait le voyage de son domicile de Wageningen, aux Pays-Bas, pour la féliciter. Dans la cité connue pour la coutellerie et pour accueillir des épreuves UCI de paracyclisme, la Britannique Elisabeth Banks s’est offert une victoire en solitaire en guise de premier gros résultat alors qu’elle est relativement nouvelle dans le cyclisme de haut niveau. A 28 ans, la ressortissante du Yorkshire, où se dérouleront les prochains Championnats du Monde Route UCI en septembre, n’a connu, avant cette saison dans la formation Bigla, qu’une expérience en UCI Women’s WorldTour avec les Américaines d’Unitedhealthcare Pro Cyclig Team après qu’elle eut remporté, dans son pays, les National Road Series en 2017.

Il y avait au programme une deuxième étape-reine pour les reines de la route, l’avant-dernier jour. Au Montasio, où Vincenzo Nibali avait scellé sa victoire finale dans le Giro d’Italia 2013, l’épreuve a tourné au duel entre van Vleuten et van der Breggen. La Championne du Monde UCI a fait preuve de fierté pour revenir au contact de la porteuse du maillot rose et la doubler 400 mètres avant l’arrivée pour honorer au mieux son maillot arc-en-ciel. Marianne Vos a couronné le tout en engrangeant sa 25e victoire d’étape au Giro Rosa dans le final, spectaculaire lui aussi, tracé en légère montée dans les rues d’Udine.