Primoz Roglic, premier Slovène vainqueur d’un Grand Tour

Après Richard Carapaz, premier vainqueur équatorien d’un Grand Tour à l’occasion du Giro d’Italia et Egan Bernal, premier vainqueur colombien du Tour de France, Primoz Roglic a poursuivi la série des premières de la saison 2019 en devenant le premier Slovène vainqueur d’un Grand Tour : La Vuelta Ciclista a España. Dans sa quatrième saison dans l'UCI WorldTour, le natif de Trebovlje, 29 ans, avait intérêt à se dépêcher avant que son jeune compatriote Tadej Pogacar ne lui coupe l’herbe sous le pied. A moins de 21 ans, ce dernier a complété le podium également occupé par le Champion du Monde UCI en tire Alejandro Valverde, deuxième à 39 ans, dix ans après sa victoire au général !

La Vuelta 2019 n’avait pourtant pas démarré sous les meilleurs auspices pour Primoz Roglic, tombé comme la majorité de ses coéquipiers de Jumbo-Visma au cours du contre-la-montre par équipes inaugural lancé des spectaculaires Salines de Torrevieja. Nairo Quintana a fourni un autre sujet d’étonnement le lendemain en s’imposant pour la première fois de sa carrière sur terrain plat, en bord de mer, à Calpe. C’était prometteur pour celui qui était désigné officiellement leader de l’équipe Movistar avant que Valverde ne reprenne le flambeau.

Les Grands Tours sont animés par les coups tactiques des grands champions, mais par leur longueur, ils laissent aussi de l’espace aux plus modestes. Avant la cérémonie d’ouverture de La Vuelta, Angel Madrazo avait joliment exposé sa condition de coureur de deuxième rang professionnel aux enfants qui devaient ensuite participer à La Vuelta Junior Cofidis. Mais en attaquant à tout-va pour le prix de meilleur grimpeur, il a fini par déjouer tous les pronostics et s’imposer devant l’observatoire astrophysique de Javalambre au terme de la cinquième étape. Et ce jour-là, son équipe Burgos-BH a réussi le doublé avec Jetse Bol.

Dans son histoire moderne, la Vuelta a pour marque de fabrique les arrivées au sommet à l'issue d'ascensions difficiles. La septième étape arrivant au Mas de la Costa a éclairci le champ des favoris qui n’incluait ni le vainqueur sortant (Simon Yates) ni les lauréats du Giro d’Italia et du Tour de France de cette année. Quatre grimpeurs ont atteint ensemble le haut de cette route en ciment empruntée pour la deuxième fois après 2016. Alejandro Valverde y a récolté sa deuxième victoire de prestige vêtu du maillot arc-en-ciel après la troisième étape de l’UAE Tour à Jebel Hafeet, suivi par Primoz Roglic, Miguel Angel “Superman” Lopez et Nairo Quintana. Avec Tadej Pogacar pas loin derrière, il était clair que La Vuelta 2019 allait se jouer entre coureurs de trois pays : Slovénie, Espagne et Colombie.

Lopez y a pris le maillot rouge pour la troisième fois pour un jour seulement, avant que son équipe Astana ne laisse du champ à l’échappée le lendemain. Curieusement, le Français Nicolas Edet (Cofidis) a pris la tête du classement général à Igualada, précisément où son compatriote Bernard Hinault en avait fait de même pour remporter son premier Grand Tour en 1978.

La Vuelta 2019 était la dixième édition avec le maillot rouge pour distinguer le leader de la course. Nairo Quintana l’a porté à Pau, où le Tour de France avait célébré les 100 ans du Maillot Jaune le 19 juillet dernier. Jamais une ville n’avait accueilli le contre-la-montre de deux Grands Tours la même année avant que Primoz Roglic n'affiche sa supériorité face au chronomètre dans les vignes du Jurançon, après l’éclatante victoire de Tadej Pogacar à Andorre dans ce qui était présenté comme l’étape-reine avec trois ascensions très ardues et un passage sur une route non asphaltée, une première dans cette épreuve.

Mais à la Vuelta, la notion d’étape-reine est souvent discutable. Philippe Gilbert en a réinventé le concept en décrochant à Guadalajara sa deuxième victoire après son triomphe à Bilbao, au Pays basque, devant une foule en délire. Avec l’aide du vent, soufflant d’abord de côté, ce qui a coupé le peloton d’entrée, mis Roglic en danger et replacé Quintana en situation favorable, puis de dos pour finir, Gilbert s’est imposé à la moyenne horaire de 50,628 km/h, ce qui lui vaut le « ruban jaune », prix créé en 1936 par le patron du Tour de France Henri Desgrange pour distinguer le vainqueur le plus rapide d’une course supérieure à 200 kilomètres. Le record précédent appartenait à Matteo Trentin avec 49,641 km/h au terme de Paris-Tours en 2015.

Roglic a conservé sa mainmise sur le classement général, mais la bataille a continué jusqu’au bout pour les places sur le podium. Lopez s’est employé à en déloger Quintana, mais Pogacar a eu le dernier mot à la veille de l’arrivée à Madrid, quand il est devenu le deuxième coureur de l’histoire à remporter trois étapes dans un Grand Tour avant de fêter ses 21 ans, comme Giuseppe Saronni au Giro d’Italia 1978. Les victoires de Pogacar ayant toutes été acquises en montagne, cela en dit long sur l’avenir promis au vainqueur du Tour de l’Avenir 2018.