Champion du Monde Route UCI, Julian Alaphilippe met fin à une disette de 23 ans pour la France

Le Français Julian Alaphilippe a remporté la médaille d'or de la course en ligne des Hommes Elite des Championnats du Monde Route UCI 2020 à Imola. Le coureur de la Deceuninck–Quick-Step a attaqué dans la dernière ascension de la Cima Gallisterna et a tout donné jusqu'à sa victoire sur l'Autodromo Enzo e Dino Ferrari. Le Belge Wout van Aert a dominé le sprint pour la médaille d'argent (deux jours seulement après avoir fini 2e du contre-la-montre derrière l'Italien Filippo Ganna)  en devançant le Suisse Marc Hirschi. Le dernier Français à avoir remporté le maillot arc-en-ciel de la course en ligne masculine était Laurent Brochard en 1997, à Saint-Sébastien.

Le vainqueur de Milano-Sanremo (2019), de la Flèche Wallonne (2018 et 2019), de la Clásica San Sebastián (2018) et des Strade Bianche (2019) a déclaré : “Il est difficile de dire quoi que ce soit maintenant. Je veux remercier tous mes équipiers, ils ont vraiment cru en moi aujourd'hui. Tout le monde a fait un super travail. C'était le rêve de ma carrière. Parfois, je suis passé très près, mais je ne suis jamais monté sur le podium. Je suis venu avec beaucoup d'ambition, et c'est une journée de rêve pour moi."

Six ans après Ponferrada en 2014, les Championnats du Monde UCI se sont une nouvelle fois disputés entièrement sous la forme d'un circuit é couvrir à plusieurs reprises. Au total, 174 coureurs de 43 pays se sont élancés à 10 h du matin sur l'Autodromo Enzo e Dino Ferrari. Trois participants attendus n'ont pas pu prendre le départ : l'Allemand Nikias Arndt, l'Erythréen Natnael Berhane et le potentiel prétendant au titre kazakh Alexey Lutsenko. La course féminine, remportée par la Néerlandaise Anna van der Breggen, avait montré que le circuit était exigeant et n'offrait pas de répit entre les ascensions de Mazzolano (2,8 km avec une pente moyenne de 5,9 % et un passage à 13 %) et de la Cima Gallisterna (2,7 km à 6,4 %, avec un maximum de 14 %), dont le sommet se situe à 12 km de l'arrivée. Chaque tour de circuit (28,8 km) comprenait 550 m de dénivelé, soit plus de 5'000m après neuf tours.

Le Danois Mads Pedersen a lui-même considéré ce parcours trop difficile pour défendre son maillot arc-en-ciel : "Je souhaite la meilleure réussite et une année de bonheur à celui qui va me le prendre", a-t-il dit. Le circuit s'inspirait largement des précédents Championnats du Monde Route UCI disputés à Imola, alors remporté par Keetie van Oosten-Hage et Vittorio Adorni.

La première échappée a réuni sept coureurs après quelques kilomètres : Jonas Koch (Allemagne), Torstein Traeen (Norvège), Marco Friedrich (Autriche), Daniil Fominykh (Kazakhstan), Yukiya Arashiro (Japon), Eduard Michael Grosu (Roumanie) et Alfredo Ulises Castillo Soto (Mexique). Arashiro, Grosu et Castillo Soto étaient les seuls représentants en course pour leur pays. Après un tour, ils comptaient 5’54’’ d'avance sur le peloton emmené par les équipes slovène, suisse et belge. L'écart a fluctué entre 5 et 7' pendant la première partie de course : 6’34’’ après le deuxième tour, 5’07’’ après le troisième, 7’07’’ après le quatrième et 5’41’’ après le cinquième, lorsque Friedrich et Grosu ont été distancés par le groupe de tête.

Sous les yeux du Président du Comité International Olympique Thomas Bach et du Président de l'UCI David Lappartient, présents à Imola pour suivre la course, le rythme s'est considérablement accéléré dans le sixième tour. Il ne restait plus que Jonas Koch et Torstein Traeen à l'avant, Arashiro était en poursuite, et le peloton, étiré sous l'impulsion du Danemark, ne pointait plus qu'à 2'37''. Les derniers échappés ont été repris à 68 km de l'arrivée, après une violente accélération de l'équipe de France dans la septième ascension de la Cima Gallisterna. Le Slovène Tadej Pogačar, vainqueur du Tour de France 2020, a dû changer de vélo, mais il est rapidement revenu dans un groupe composé d'une cinquantaine de coureurs.

Un tour plus tard, le Slovène (l'un des plus jeunes participants de cette édition) passait à l'attaque dans la Cima Gallisterna, quasiment à l'endroit où Anna van der Breggen s'était isolée dans la course féminine. Poursuivi par la Belgique, Pogačar a porté son avance à 10'' à 40 km, puis à 25'' à un tour de l'arrivée. Le Néerlandais Tom Dumoulin l'a finalement repris dans la montée de Mazzolano, avant un regroupement avec les principaux prétendants. Après être restés au second plan toute la journée, les Italiens sont alors passés à l'attaque, avec deux accélérations de Damiano Caruso, puis Vincenzo Nibali à 20 km de l'arrivée.

Avec déjà 240 km dans les jambes, il ne restait plus que les meilleurs coureurs à l'avant en vue de la dernière ascension de la Cima Gallisterna. Le Belge Greg Van Avermaet a fait monter la pression dans la première partie de la montée, puis Hirschi a accéléré, avant une attaque du Champion du Monde Route UCI 2014 Michał Kwiatkowski (Pologne). Mais c'est le contre de Julian Alaphilippe avant le sommet qui a permis de faire la différence. Derrière lui, on retrouvait Hirschi, Kwiatkowski, Van Aert, le vainqueur d'Il Lombardia Jakob Fuglsang (Danemark) et Primož Roglič (Slovénie). A 5 km du but, Alaphilippe avait 12'' d'avance. Il a tout donné jusqu'à l'arrivée pour devenir Champion du Monde Route UCI, devant Van Aert et Hirschi, 23 ans après Laurent Brochard  à Saint-Sébastien (Espagne) et 26 ans après un autre sacre français en Italie, celui de Luc Leblanc à Agrigente (1994).