Liège-Bastogne-Liège : Vollering et Pogačar s’installent parmi les grands

La Doyenne des Classiques a consacré deux jeunes stars sur les routes de l’UCI WorldTour et de l’UCI Women’s WorldTour : Demi Vollering (Team SD Worx), vainqueure de Liège-Bastogne-Liège Femmes, et Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), qui s’est ensuite offert l’épreuve masculine.

A 24 ans, la Néerlandaise s’est adjugée la plus belle victoire de sa carrière, à la faveur d'un sprint à cinq après 140,9 kilomètres d’effort entre Bastogne et Liège (Belgique). Troisième de l’édition 2020, Vollering a bénéficié de l’immense travail de sa coéquipière et Championne du Monde UCI Anna van der Breggen pour devancer la Championne d’Europe Annemiek van Vleuten (Movistar Team Women) et la Championne d’Italie Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo).

Pogačar a quant à lui remporté le premier Monument de sa carrière au terme d’un sprint à cinq mémorable. Le Slovène a devancé le Champion du Monde UCI Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) et un autre Français, David Gaudu (Groupama-FDJ). Pogačar devient à 22 ans le plus jeune vainqueur de Liège-Bastogne-Liège depuis Bernard Hinault en 1977. Il est aussi le premier vainqueur sortant du Tour de France à remporter la Doyenne le printemps suivant depuis l’exploit du même Hinault sous la neige en 1980.

 

« C’est génial, je suis tellement reconnaissante qu’elles aient fait ça pour moi. Anna van der Breggen a été incroyable. C’était vraiment difficile dans les ascensions. On ne voulait pas arriver au sprint avec Vos. C’est ma première année pro avec SD Worx, je vis un rêve éveillé », s’est réjouie Demi Vollering en essuyant ses larmes de bonheur.

« Je n’ai pas les mots. J’aime cette course, et gagner ici, contre ces grands noms, c’est incroyable. Je savais qu’Alaphilippe allait sprinter de loin, je suis resté derrière lui et je l’ai dépassé à la fin. C’était la bonne roue à suivre. On était vraiment déçus [de ne pas pouvoir disputer la Flèche Wallonne] et nous étions vraiment motivés aujourd’hui. Maintenant, je peux me reposer, passer du temps avec ma famille et me préparer pour le Tour de France », a déclaré Tadej Pogačar.

La Luxembourgeoise Claire Faber (Andy Schleck-CP NVST Immo-Losch) et l’Italienne Silvia Zanardi (BePink) ont pris les devants pour animer le début de l’épreuve, comptant jusqu’à trois minutes d’avance sur le peloton à 90 kilomètres de l’arrivée. Les coéquipières d’Anna van der Breggen ont ensuite parfaitement maîtrisé la course.

Après avoir lancé la Néo-Zélandaise Niamh Fisher-Back à l’avant dans la côte de Desnié (1,6 km à 8,1 %), à 40 kilomètres de l’arrivée, la SD Worx a laissé la responsabilité de la poursuite peser sur la Movistar Team Women de Van Vleuten. Le regroupement général au moment d’aborder la terrible côte de la Redoute (2,1 km à 8,9 %) a permis à une nouvelle offensive de l’équipe néerlandaise, menée par la Sud-Africaine Ashleigh Moolman-Pasio avec Lucinda Brand (Trek-Segafredo) et Cecilie Uttrup Ludwig (FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope). Le trio a compté jusqu’à trente secondes d’avance au sommet de l’avant-dernière difficulté du jour, la côte des Forges.

Emmené par la Movistar TeamWomen, le groupe des favorites a fait la jonction juste au pied de la côte de la Roche-aux-Faucons dans les 15 derniers kilomètres. Marianne Vos (Jumbo-Visma), leader de l’UCI Women’s WorldTour, a alors cédé face aux accélérations successives de Van der Breggen. Cinq coureuses ont basculé en tête au sommet avant de filer vers Liège sous l’impulsion de Van der Breggen, qui s’est sacrifiée pour distancer irrémédiablement le groupe de Vos et mener Vollering vers la victoire.

Chez les hommes, la 107e édition de la Doyenne a longtemps été ouverte par une échappée de sept hommes. Laurens Huys et Mathijs Paasschens (Bingoal Pauwels Sauces WB), Loïc Vliegen et Lorenzo Rota (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux), Sergei Chernetski (Gazprom-RusVelo), Aaron Van Poucke (Sport Vlaanderen-Baloise) et Tomasz Marcsynzki (Lotto-Soudal) ont compté jusqu’à dix minutes d’avance à 150 kilomètres de l’arrivée.

Les favoris ont passé sans encombre les premières difficultés du jour avant de voir la formation Ineos-Grenadiers placer une attaque violente dans la côte de La Redoute, sous l’impulsion de Tao Geoghegan Hart. Le vainqueur sortant Primoz Roglič (Jumbo-Visma) a suivi le coup, mais Julian Alaphilippe faisait partie des coureurs piégés.

Un groupe d’une quarantaine de coureurs s’est reconstitué à 30 km de l’arrivée, mais l’équipe Ineos-Grenadiers a poursuivi ses efforts dans la côte des Forges. Richard Carapaz (Ineos-Grenadiers) s’est alors envolé avec une belle attaque à 22 kilomètres de l’arrivée. L’Equatorien comptait une vingtaine de secondes d’avance au pied de la Roche-aux-Faucons, dernière des onze ascensions du jour… Mais les Deceuninck-Quick-Step et UAE Team Emirates ont condamné son offensive à 13 km de l’arrivée.

Michael Woods (Israel Start-Up Nation) a enchaîné avec un effort intense que seuls quatre coureurs ont pu accompagner : Gaudu, Alaphilippe, Pogačar et l’éternel Alejandro Valverde (Movistar Team), qui fêtait ses 41 ans dimanche avec une 15e participation à une épreuve qu’il a remportée quatre fois.

Les cinq hommes se sont entendus jusqu’au dernier kilomètre. En tête du groupe, Valverde a lancé le sprint de loin, sans pouvoir tenir jusqu’au bout. Alaphilippe l’a dépassé comme une fusée, mais c’était insuffisant pour contenir Pogačar, venu le remonter sur la ligne.