Strade Bianche : l'épreuve de vérité

Le printemps cycliste arrive avec ses défis en tous genres. Les coureurs visant le classement général des courses par étapes vont partir à la poursuite du soleil en direction de la Côte d'Azur (avec Paris-Nice, du 7 au 14 mars) ou courir entre deux mers italiennes (avec Tirreno-Adriatico, du 10 au 16 mars). La saison des pavés est quant à elle ouverte depuis que Davide Ballerini (Deceuninck - Quick-Step) et la Championne du Monde UCI Anna van der Breggen (SD Worx) se sont imposés sur l'Omloop Het Nieuwsblad Elite, et les chasseurs de Classiques vont bientôt poursuivre la gloire sur Milano-Sanremo (« La Primavera »), ainsi que sur les routes flandriennes et par-delà les collines ardennaises.

Ces terrains variés offriront des scénarios imprévisibles, favorisant différents types de coureurs, chacun possédant ses qualités propres. Mais tout ce beau monde, ou presque, se retrouvera samedi autour de Sienne en Italie, pour affronter les pièges des Strade Bianche (6 mars), deuxième course d'un jour de l'UCI WorldTour et premier événement de l'UCI Women’s WorldTour cette année.

Quelle que soit leur spécialité, les coureurs sont tous prêts à en découvre alors qu'on annonce de la pluie sur les chemins de terre qui mènent à la superbe Piazza del Campo. Tous ont leur chance de briller sur l’une des courses d'un jour les plus ouvertes de l'année, qui constitue l’une des plus belles épreuves de force du début de saison.

Une semaine après le week-end d'ouverture belge et juste avant quelques-uns des rendez-vous les plus prestigieux du printemps, il est impossible de se cacher sur les Strade Bianche. Les coureurs ont eu le temps d'affiner leur forme avec les premières courses de l'année. Ceux qui sont en retard paieront cruellement leur manque de préparation dans la campagne toscane.

Les femmes affronteront huit « routes blanches », soit plus de 30 km sur 136 km de course. Le parcours masculin est 48 km plus long et présente environ 63 km de secteurs de terre. Ajoutez-y quelques pourcentages, lancez un peloton galvanisé par ces défis uniques, et vous pouvez être sûrs d'obtenir une grande bataille où seuls les plus forts peuvent se distinguer dans une course qui se décante rapidement et consacre forcément un champion en forme.

« C'est une course supérieure, estime le Directeur Sportif de Bahrain Victorious Alberto Volpi, tout en promettant une course mouvementée. Nous devons être actifs et agressifs dès le départ », annonce-t-il au moment de désigner ses deux leaders, le coureur de Classiques Matej Mohorič et le 5e du dernier Giro d'Italia, Pello Bilbao. « Les Strade Bianche sont ma course préférée de l'année », précise Mohorič avant sa quatrième participation (son meilleur résultat est une 11e place en 2018).

L’UAE Team Emirates s'avance également avec deux têtes d'affiche : Davide Formolo, 2e à Sienne en 2020, et Tadej Pogačar, vainqueur du Tour de France la même année. Le prodige slovène est surtout reconnu pour ses qualités dans les courses par étapes, mais il a possède aussi un vrai talent pour les courses d'un jour. « Les Strade Bianche sont une course difficile, mais j'aime courir là-bas, se projetait-il après son succès sur l'UAE Tour. C'est l’une des plus belles courses. »

La liste des partants compte un autre vainqueur du Tour de France, Egan Bernal (Ineos Grenadiers), le Champion du Monde Route UCI en titre Julian Alaphilippe (Deceuninck - Quick-Step) et une belle liste de puncheurs comme Bauke Mollema (Trek-Segafredo), Jakob Fuglsang (Astana-Premier Tech) ou Romain Bardet (Team DSM) pour défier les experts des Classiques emmenés par Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) et Wout van Aert (Jumbo-Visma), vainqueur de l'édition 2020. D'autres comme Simon Yates (Team BikeExchange) seront également au rendez-vous pour se frotter aux chemins blancs avant de les retrouver sur la 11e étape du Giro d’Italia, en direction de Montalcino.

Le peloton féminin attire lui aussi une cohorte de stars, à commencer par quatre Championnes du Monde Route UCI : Annemiek van Vleuten (Movistar Team Women), Anna van der Breggen (SD Worx), Elizabeth Deignan (Trek-Segafredo Women) et Marianne Vos (Jumbo-Visma Women Team). Elles affronteront de redoutables expertes des Classiques comme Elisa Longo Borghini (Trek-Segafredo Women) et des talents explosifs lorsque la route se dresse à l'image des anciennes leaders du classement de la Meilleure Jeune de l’UCI Women’s WorldTour Katarzyna Niewiadoma (Canyon//SRAM Racing) et Liane Lippert (Team DSM).

Toutes et tous savent à quel point une belle performance sur les Strade Bianche peut être annonciatrice d'un printemps réussi. Cela vaut également une fois l'été venu, comme l'an dernier, lorsque le calendrier a été réorganisé en raison de la pandémie de Covid-19. Vainqueurs à Sienne début août, Van Vleuten et Van Aert s'étaient montrés les plus forts à la reprise des courses.

Van Aert a notamment décroché son premier Monument une semaine plus tard à Sanremo. Il devenait alors le quatrième coureur à remporter les Strade Bianche et La Primavera la même saison, après Fabian Cancellara (2008), Michal Kwiatkowski (2017) et Julian Alaphilippe (2019).

Elizabeth Deignan, première du classement général final de l’UCI Women’s WorldTour en 2020, a signé un doublé similaire en 2016, lorsqu'elle a remporté le Trofeo Alfredo Binda - Comune di Cittiglio deux semaines après sa victoire sur les Strade Bianche. Elle s'était déjà imposée sur l'Omloop Het Nieuwsblad Elite cette même année et elle a poursuivi sa série printanière victorieuse sur le Tour des Flandres, la Boels Rental Hills Classic et l'Aviva Women’s Tour.

D'autres stars comme Van der Breggen ou Philippe Gilbert se sont offerts de superbes campagnes du printemps après avoir rallié Sienne victorieusement au terme d'une course qui distingue les meilleurs coureurs du moment, quelle que soit leur spécialité. Qui va les imiter, en Toscane et sur les plus grands rendez-vous de cette première partie de saison ?